EPI – Echo des Paroisses de l’Issole – 01/05/2019
EDITO : Magnificat !
L’hymne retentit avec une sonorité inégalable au cours de ce mois de Mai : mois dédié à la Vierge Marie et mois du prolongement des festivités pascales. De même que Marie rend grâce pour le choix de Dieu dont elle bénéficie, de même l’humanité confiée à sa maternité au pied de la croix exulte de joie pour le salut inauguré par la mort et la résurrection de son Fils : « Exultez de joie…, exultez Serviteurs de Dieu…, Heureuse faute qui nous a valu un si grand Rédempteur » (Hymne pascale)
Du dimanche de la résurrection à la Pentecôte, l’Eglise invite ses enfants disséminés à célébrer la victoire désormais acquise par le Christ qui a vaincu la mort et qui siège à la droite du Père. Tout au long de ce mois, cette joie sera particulièrement mise en lumière dans la célébration des sacrements d’initiation chrétienne : baptême, première communion, et confirmation.
Dans la joie de Pâques, l’Eglise fait renaître « de l’eau et de l’Esprit-Saint » de nouveaux enfants qui formeront « la nation sainte, la race choisie, le peuple des baptisés… » (Préface) !
A la Pentecôte, l’Eglise qui a reçu mission de témoigner et d’annoncer la Bonne Nouvelle du Ressuscité enverra de nouveaux « soldats du Christ » confirmés par l’Esprit-Saint dans le champ de l’annonce et du témoignage « Allez ! Faites les disciples… » (Mt 28,18). La Joie de Pâques est dans le mouvement. Elle se caractérise dans les pas du messager qui gravitent les collines.
Dans la célébration de ces sacrements d’initiation, le salut est déjà à l’œuvre dans le monde à la manière d’un ferment. Désormais, l’humanité participe pleinement à la joie de Pâques : elle en est le destinataire et le promoteur.
A voir les jeunes couples faire la démarche pour baptiser leurs enfants et rallumer la flamme de la foi de leur enfance…, à voir les « Ados » professer volontairement et librement la foi en Jésus-Christ…, à voir les milliers d’adultes embrasser le mystère de l’Eglise pendant la Vigile pascale…, on ne peut que se réjouir, exulter, rendre gloire à Dieu… Ainsi se traduit dans nos lèvres et dans nos cœurs le Magnificat, chant de gratitude de la Vierge Marie. Comme figure de l’Eglise, Marie nous précède dans la patrie de « l’Eglise triomphante », offre aux fils de « l’Eglise en marche » les paroles de louange et d’action de grâce et leur ouvre, dans sa maternité, les portes du Ciel avec la médiation de son Fils.
Dans notre monde marqué par la morosité, le doute, la peur des lendemains, le repli identitaire, la déception de la classe dirigeante, les crises qui secouent l’Eglise…, on n’est pas loin de s’engouffrer dans des impasses. Désorientés et blasés, beaucoup pourraient confondre « Joie » et « satisfaction ». Alors que la satisfaction est le fruit d’un effort personnel et d’une performance accomplie, la Joie chrétienne, a contrario, est un état, une attitude, un don… Elle nous est procurée par l’Autre : c’est une joie qui transcende les peurs, clarifie nos doutes, nous fixe sur l’essentiel… Loin du bonheur rêvé du muguet, cette Joie ne fait pas l’économie des épreuves de la vie, mais nous invite à ramer à contre-courant en nous fixant sur cette mystérieuse lumière qui jaillit de la tombe et chasse les ténèbres.
Si la Joie pascale suppose toujours la tristesse du vendredi Saint, elle nous invite aussi à dépasser les peurs et les souffrances du quotidien. In fine, cette joie se conjugue avec l’espérance, et la confiance : « Car, si le Christ a connu la mort, puis la vie, c’est pour devenir le Seigneur et des morts et des vivants. » ( Rm 14,9 )
Avec l’humble servante, prenons résolument ce chemin de la Joie promise et acquise dans la Pâques de notre Seigneur Jésus-Christ !
P. Dieudonné MASSOMA