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EPI – Echo des Paroisses de l’Issole – 01/06/2019

EDITO : Dans l’Esprits-Saint et le feu (Mt 3,11)

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Dans l’imaginaire biblique, l’esprit comme le feu traduisent les quatre éléments des philosophies de la nature du monde antique : la terre, l’eau, le feu, l’air. Seulement, la révélation biblique ne divinise pas ces quatre éléments de la nature : ils sont des créatures de Dieu et le symbole de sa présence. A la différence des peuples anciens, Israël considère le feu comme un signe qu’il faut dépasser pour trouver le Divin. Quant à l’esprit, il se traduit par Ruah (hébreux), Pneuma (grecque), Spiritus (latin). C’est un nom commun emprunté aux phénomènes naturels du vent, du souffle, de la respiration … : il renvoie à ce qui représenterait la parcelle du divin en l’homme : « le Souffle de Dieu ». Dans l’Ancien Testament, l’Esprit comme le feu évoquent une présence possessive et envahissante. Ils représentent une force insaisissable : « on ne sait ni d’où il vient, ni où il va » (Jn 3,8).

Voilà deux symboles forts qui marqueront de manière indélébile les nouveaux disciples de Jésus : les chrétiens ! Avant de monter au Ciel, Jésus a promis à ses Apôtres d’attendre une Force qui viendrait d’en Haut. Cette Force, le jour de la Pentecôte, se posa sur les Apôtres enfermés au Cénacle sous forme de « langues de feu ». La description de ce phénomène reprend étrangement les images de l’épisode du Sinaï où Dieu parlant à Moïse au milieu du feu lui donne les tables de la Loi (Ex 4,10), signe d’une présence terrifiante, une présence que l’homme ne saurait affronter sans mourir (Ex 4,33). Symbole d’une Présence unique et singulière, le « Buisson Ardent » (Ex 3,1…) est plus évocateur : le Buisson qui brûle sans jamais se consumer met en scène Dieu identifié au feu. Curieusement, le feu du « Buisson Ardent » n’est pas dévastateur ni terrifiant, mais purificateur : il embrase sans détruire !

Jésus empruntera cette image purificatrice du feu par une annonce restée célèbre : « Je suis venu apporter un feu sur la terre, et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé ! » (Lc 12,49…). Jésus est loin de prédire la destruction du monde par le feu, comme le fit l’Eternel en envoyant sur Sodome et Gomorrhe « un feu de souffre » (Gn 18, 19). Même dans cette ville dévastée par la perversion, le feu ne brûlait que les éléments encombrants et pervers…, il préservait la matière essentielle ! C’est un feu d’amour qui embrase en purifiant.

Depuis l’avènement du Fils de Dieu sur terre, ce feu est allumé. Son Ascension n’a pas arrêté son expansion dans le monde, mais l’a attisé par la descente de l’Esprit-Saint. Ce feu continue son œuvre sur la terre par le canal de l’Eglise : il renouvelle, console, purifie, réchauffe, llumine… Son épicentre est dans le cœur de chaque baptisé comme le souligne la Séquence de Pentecôte : « Viens, Esprit Saint, en nos cœurs et envoie du haut du ciel un rayon de ta lumière ».

Rayons du Ciel…, Lumière bienheureuse…, l’action de l’Esprit dans le monde est identique à celui du feu qui enflamme nos cœurs, les dispose à l’accueil de la Parole de Dieu et à l’annonce de l’Evangile. Saint Jean-Paul II disait que le cœur de l’homme et particulièrement celui du baptisé est le « foyer central » de ce feu d’amour qui nous regénère et nous brûle de sa charité.

Aux lendemains de la Pentecôte, un petit groupe de Galiléens refugiés au Cénacle a eu l’audace de témoigner devant une foule de pèlerins : « ce Jésus que nos chefs ont crucifié, Dieu l’a ressuscité…, il est désormais vivant et nous en sommes témoins » ! Ils sont devenus ainsi « les Apôtres de feu » pour ces pèlerins qui découvraient, pour certains, le message du Ressuscité. L’Esprit Saint est désormais à l’œuvre dans le monde et dans l’Eglise. Il agit dans l’Eglise comme un allié indispensable, son Avocat et son Défenseur !

Par le baptême, notre « vieil homme » a été « dévoré » par les flammes de ce feu laissant s’échapper les cendres fertilisantes où germent les graines. L’homme nouveau nait des cendres laissées par le de l’Esprit-Saint. Son cœur hésitant et enfermé par la peur s’est transformé en « feu de souffre» qui crépite et embrase le monde entier.

Au cœur de l’été, l’action fertilisante de ce feu propulse les étincelles dans nos villes et campagnes pour embraser les cœurs de nos amis et connaissance en proie au doute et à la peur. Puisse la figure de Jean-Baptiste (24 juin), prophète de feu, allumer nos cœurs de vacanciers de sa ferveur, transformer nos différentes rencontres en foyer de joie et de partage.

P. Dieudonné MASSOMA

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