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EPI – Echo des Paroisses de l’Issole – 01/04/2019

EDITO :  Du désert au Jardin !

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Poursuivons notre réflexion sur le thème du « désert », cette fois-ci, en rapport avec « le Jardin », lieu de fertilité et de vie.

Le temps de Carême nous invite fortement à la « traversée du désert » comme autrefois les Hébreux, nos aînés dans la foi. Ce passage fut déterminant dans l’expérience et la découverte d’un Dieu unique. La relation particulière de Dieu avec ce peuple s’est nouée dans ce lieu de désolation. Le livre du Deutéronome affirme bien : « Du désert, ce peuple de petit reste est devenu une grande nation » (Dt 26,5b). Le sommet de cette relation entre Dieu et ce peuple a été franchi dans la conclusion de l’Alliance du Sinaï. Ici, Dieu s’est engagé à être pour ce peuple un Père et le peuple à se comporter comme « fils ». Terre de la méfiance et de la défiance, le désert est aussi dans l’imaginaire biblique terre de la confiance et de l’espérance pour ce peuple. L’aridité du désert appelle à un dépouillement constant, à une économie d’énergie jusqu’à la ligne d’arrivée, Canaan ou Terre Promise.

Du désert aride à un pays où coule le lait et le miel, le peuple de Dieu a fait l’expérience de la longue traversée, de la démarche de conversion, du changement de leur statut social… Du désert au Jardin, la mutation n’est pas seulement géographique, physique ; mais elle est aussi spirituelle et existentielle. Malgré leur opposition, Jardin et Désert se complètent. Les Oasis disséminées dans le désert constituent ainsi les points de convergence quasi obligatoires pour les aventuriers du désert. Au désert, on marche, on se cherche, on est en pénurie… Au jardin, on s’installe, on cultive, on récolte…

La bible reprend cette image de fertilité du mot « jardin » dès les premières pages. Elle souligne la symbolique du bien-être, un lieu du bonheur par excellence. Le Jardin contraste avec le désert, tremplin et passage. Pitié de son peuple errant au désert, Dieu « va faire de son désert un Eden, de sa steppe un jardin du Seigneur » (Isaïe 51, 3). Le jardin représente ainsi le lieu de rêve pour Dieu où l’homme doit s’établir et vivre définitivement. C’est une image qui traverse toute la Bible. Elle nous présente le « Jardin » comme le bonheur final où Dieu veut conduire l’homme…

Lieu de vie, lieu de resurgissement, le jardin a fasciné aussi les Evangélistes. Ils nous rapportent deux jardins bien distincts :  le Jardin de Gethsémani (Mc 14, 32-52 ; Mt 26, 36-56 ; Jan, 18, 1…) et le Jardin du ressuscité (Jan, 20, 1-18). Le premier renvoie à l’ image de la souffrance, au lieu de l’abandon et de la solitude. C’est le jardin où le Christ passe la nuit précédant sa passion et sa mort. Une nuit où il ressent « frayeur et angoisse ».

Le mot Gethsémani signifie « pressoir à huile » : l’idée de broyage, de l’écrasement, de la passion du Vendredi Saint est fortement sous-jacente.

Le Jardin de Gethsémani évoque l’ultime étape vers le second, « le Jardin du Ressuscité » (Jan 20,11-18). Selon les Evangiles, le tombeau de Jésus est dans un jardin, lieu où Nicodème et Joseph d’Arimathie ont déposé le corps du crucifié. C’est dans ce Jardin aussi que se lève l’Aube d’une vie nouvelle : le premier jour de la semaine, Marie de Magdala se présente avec les aromates au « Jardin du Ressuscité » à la recherche de son bien-aimé, prisonnier des ténèbres de la mort.  Elle y rencontre le gardien du jardin qu’elle regarde sans l’identifier. « Qui cherches-tu ? Pourquoi pleures-tu ? » Désemparée, elle entend la voix sans reconnaitre la voix de « Celui qui est vivant » !  Au Jardin d’Eden, une voix pesante cherche Adam et Eve qui se terrent dans la peur. Au Jardin du ressuscité, la voix épouse le cri du cœur et annonce cette fois-ci « La Nouvelle ». Au Jardin d’Eden, la voix prononçait la sanction, la condamnation, la malédiction, la mort… Au Jardin du Ressuscité, la voix proclame « La Bonne Nouvelle », la rédemption, la bénédiction, la vie…

« Comme la terre fait éclore son germe, Et comme le jardin fait pousser ses semences, Ainsi le Seigneur, l’Eternel, fera germer le salut et la louange, en présence de toutes les nations » (Es 61 :11)

Le Jardin est par nature lieu de germination. Le mystère de la résurrection que nous célébrons peut se comprendre dans ce processus de germination, c’est-à-dire la reprise de la vie active d’une plante après une période de repos. Avec le printemps qui lève dans nos prairies, la botanique vient au secours de la foi pour nous aider à comprendre, à « démystifier » ce qui est arrivé à Jésus de Nazareth le premier jour de la semaine : Il était mort… Désormais, il est vivant !

Avec les bourgeons printaniers, la vie reprend son cours. Le désert devient un jardin fleuri. La vie jaillit de la terre et redonne à la nature ce qu’elle avait fait momentanément prisonnier. Désormais, « la destruction de la mort, célébrons-là ! La ruine de l’Enfer, louons-la ! Glorifions l’Auteur d’une vie neuve et immortelle… (Hymne temps pascal)

P. Dieudonné MASSOMA

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