Echo des Paroisses de l’Issole – 01/09/2018
EDITO : « Tirer parti du temps présent » Eph 5,1
De tout temps, les rapports de l’homme avec le « temps » ont souvent été ambigus et parfois même marqués de peur. Perçu comme une réalité insaisissable, une réalité qui passe sans tenir compte de nous, le temps a beau être rempli par les événements, il ne cesse de poursuivre imperturbablement sa route. Et le temps dont parle Paul est l’instant présent, l’aujourd’hui de Dieu… Ce temps est sous son emprise et ne saurait nous faire peur.
« Au commencement… Il y eut un soir, il y eut un matin… » Dans la perception de l’homme de la Bible, l’Acte de la création par Dieu marque le début du temps pour nous, hommes de foi. Ce temps « est bon » comme tout le reste de la création. Dieu est en dehors du temps, la création est dans le temps. Dès lors, ce temps n’est pas un chrono qui ne tient plus compte de nous, mais se conçoit comme le déploiement du dessein de Dieu ordonnant d’abord toute la création en vue de l’homme. Dieu, maître du temps et de l’histoire, dirige le destin de l’homme en vue d’une fin heureuse, même si celui-ci est bousculé par les événements du temps.
Comme chrétien, notre rapport au temps devrait se reposer sur un temps « maitrisé », un temps « dirigé », un temps « ordonné » par Dieu. Son Fils entre dans le cours du temps pour sanctifier le temps. Même quand on a l’impression d’être écrasé par le temps, notre identité chrétienne est déjà marquée du sceau de la divinité qui ne saurait subir les affres du temps. Situés dans le temps, nous sommes désormais comme un navire qui tangue au creux de la mer mais qui ne chavire pas.
Seulement dans notre monde qui a perdu le sens de l’Absolu, un monde où Dieu est déclaré mort, où l’homme moderne a chassé le Capitaine du bateau, Dieu ; le risque de sombrer précipitamment sous les eaux est grand. C’est ici que l’exhortation de l’Apôtre Paul aux fidèles de la communauté d’Ephèse : « Frères…, tirez parti du temps présent » trouve toute sa portée.
« Tirer parti du temps présent », c’est conjuguer le temps avec Dieu, réaffirmer la force et la présence de Dieu dans notre temps. Notre foi de chrétien est appelée à habiter le temps « à partir de ce que nous sommes et avec la grâce de Dieu, à devenir ce qu’il veut que nous soyons… » (cf. Mgr Dominique REY). La foi ne nous renvoie au passé que pour mieux habiter le présent, et prévoir le futur avec plus de sérénité et d’espérance.
Avec cette exhortation de Saint Paul, j’aimerais nous inviter à fixer les évènements de cette année pastorale qui s’ouvre sous le regard bienveillant de Dieu avec une dynamique nouvelle et un engagement nouveau. Une année pastorale est comparable à une traversée de la mer sur une barque : les vents seront présents, la tempête va souffler, le navire va certainement tanguer mais ne chavirera pas grâce à son Capitaine qui sera aux commandes. Surtout ne ramons pas sans Lui…, ni à contrecourant. Sur cette barque, « tirer parti du temps présent » revient à tenir compte de la conjonction des forces de chacun des occupants. Avec nos efforts coordonnés, Dieu soutiendra par son Esprit-Saint cette traversée qui s’annonce incertaine : deux prêtres sont partis, nous attendons dans la confiance deux autres qui viendront appuyer nos efforts.
Bien aimés de Dieu ! Le temps passe, le temps dure, le temps court… mais le nôtre s’accomplit « hic et nunc », ici et maintenant !
Père Dieudonné MASSOMA