Archives

Echo des Paroisses de l’Issole – 07/01/2018

Noël, Avènement de l’Evénement !

Cliquez pour télécharger

L’effervescence du mois de novembre, avec son point culminant

aux approches de Noël, en décembre, tire sa révérence. Les lucioles scintillantes de nos villes vont bientôt – si ce n’est déjà – céder la place à une ambiance terne et monotone : ça et là, on verra juste les traces des décorations efflorescentes. Le fleuve retrouve son lit habituel qui exclut désormais la période de crue, celle de la joie exubérante qui annonçait Noël, présence d’un tout petit enfant, le Dieu-fait-homme dans notre monde, signe visible d’un monde à contre-courant. Noël, une agitation vive du passé déjà au passé ? L’Evénement devenu événementiel ?
Oui, nous rétorquerait la société événementielle dans laquelle nous vivons ! Insidieusement, l’événementiel tord le cou à « l’Essentiel ». Pourtant, si Noël, Avènement de l’Evénement, est situé dans le temps, c’est pour marquer le temps de son empreinte,de son sceau indélébile. Noël est une lumière sans déclin : c’est quand tout décline que la fête de Noël demeure !

Echo des Paroisses de l’Issole – 07/01/2018

«Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière » (Is 9,1).

Le regard du prophète Isaïe se concentre sur la dualité « ténèbres et lumière ». Cette dualité est, hélas, présente dans les événements de notre vie. Les ténèbres ne sont pas seulement absence de lumière, l’obscurité totale…, mais elles décrivent une situation incompréhensible et scandaleuse, une puissance « invisible » de forte nuisance qui sème la confusion et le doute. Et le doute, nous le savons, est l’ennemi de la joie profonde et de la paix intérieure. L’éphémère enrobe l’éternel dans une enveloppe de clair-obscur !

Pourtant, du haut du ciel retentit une voix sonore : « Gloire à Dieu et paix sur la terre !» Cette acclamation joyeuse des Anges rejoint la prophétie d’Isaïe : « le peuple a vu se lever une lumière ». Cette lumière, c’est le Christ, l’aurore qui pousse au loin les ténèbres de notre nuit. Noël, lumière sans déclin, qui resplendit au cœur d’une nuit opaque fait renaitre la joie et la fonde. Certes, la lumière est un principe de rayonnement qui bouscule l’amas des ténèbres qui jonchent notre vie, mais elle est aussi un moyen qui permet de « comprendre », de décanter le vrai du faux, d’intérioriser le mystère, de stabiliser ce qui vacille, et surtout d’espérer¼S’acheminerait-on vers un Noël de plus dans les oubliettes ?

Echo des Paroisses de l’Issole – 07/01/2018

Non ! On donnerait alors raison aux forces contraires et lugubres ! Noël reste ce long fleuve tranquille qui coule imperturbablement bousculant les événements tragiques e ténébreux : « sur ceux qui habitaient le pays de l’ombre, une lumière a resplendi » (Is 9, 2). On peut freiner momentanément la progression de la lumière, mais on ne peut jamais l’arrêter.

Le sceau de l’éternité marque à jamais l’instant. Dieu, maître du temps, entre dans le cours de l’histoire, se manifeste aux hommes pour mieux se faire connaitre, pour que son nom ne soit plus jamais utilisé pour fonder une violence aveugle qui déstabilise tant de régions dans notre monde : Dieu se fait un tout-petit-enfant fragile, sans défense, né ordinairement. C’est tout le mystère du mot grec « épiphaneia », le dévoilement du « Fort » qui arbore le costume de la « Fragilité » dans un berceau de fortune, le plus « Grand » se met à la place du « Faible », le « Puissant » devient  «l’Impuissant »…
Fait extraordinaire : son étoile qui pointe  à l’horizon ébranle les peuples lointains : « nous avons vu son étoile et nous sommes venus l’adorer » (Mt 2,2). L’Aurore bouscule les ténèbres pour qu’enfin brille le Soleil.

Fête des retrouvailles, fête de la famille, fête des amitiés renouées, fête de la convivialité et de la confiance retrouvée¼ Noël, c’est d’abord la fête du Nouveau-Né : Dieu en Jésus se fait homme pour nous apprendre à « être Homme » ! Pourtant, à voir notre société humaine, elle n’a jamais assez « appris à être Homme », jamais assez appris à promouvoir la dignité de la personne humaine, jamais assez appris à transformer « nos lances en faucilles ».
Pendant que « Le Prince des ténèbres » injecte habilement son venin de mort dans le cœur des hommes, Le Prince-de-la-Paix, le-merveilleux- conseiller réconcilie dans le silence Dieu avec les hommes, les hommes entre eux, sème la paix là où il y a la haine.

Echo des Paroisses de l’Issole – 07/01/2018

Suffisait-il que Jésus naisse dans notre monde ? Il fallait surtout qu’il soit connu : « épiphaneia » !

Avec les tragiques évènements de notre monde, ceux qui pèsent dans notre pays et dans la vie des hommes de notre temps, la tentation serait de considérer Noël comme un matériau périssable, un cantique d’un ou pour un moment précis, une éclipse qui traverse un ciel bleu et qui ne revient plus…
Pourtant ! Son charme impose respect, sa magie dépasse les frontières culturelles et cultuelles. Noël commence quand s’éteignent les lampions, quand les guirlandes s’arrachent de nos murs, quand les sapins jonchent nos trottoirs, quand les santons des crèches retrouvent le grenier, quand l’émotion cède la place à l’espérance, quand le mystère de l’amour donné se conjugue avec la miséricorde (« mesericordia » : la misère du cœur).

Noël est donc un feu sous la cendre jamais éteint ! A l’image des Mages, momentanément déstabilisés par l’éclipse de l’Etoile de Bethléem, gardons la dynamique intérieure de ces chercheurs de Dieu pour espérer retrouver l’Astre du Ciel qui brille au-dessus de la Crèche !

Avec l’ensemble de fidèles et « tous les Chercheurs de Dieu », reprenons en chœur, le vieux cantique de « Minuit Chrétien » : l’amour unit ceux qu’enchainait le fer…
Qui Lui dira notre reconnaissance¼ ? Peuple debout, chante ta délivrance…

Durant le temps liturgique dit « Ordinaire », Ce chant ne sera plus un cantique émotionnel, mais un cantique qui se chante désormais par et dans notre vie.

Père DIEUDONNE MASSOMA

Echo des Paroisses de l’Issole – 07/01/2018